D. Trump & Réseaux Sociaux : je t’aime, moi non plus
La résurgence des Réseaux Sociaux
Les réseaux sociaux ont longtemps essuyé les reproches d’une certaine inaction. Les contenus mensongers, haineux, publiés sur les plateformes ont mis longtemps avant d’être modérés, poussant même le gouvernement à envisager l’instauration de lois pour les contraindre à la modération.
Il faut tout de même leur reconnaître un certain parti pris depuis 2020, la modération des posts s’est accentuée alors que Twitter mettait en doute certaines publications mensongères. L’oiseau bleu s’est aujourd’hui décidé à bloquer pendant un certain temps le compte du président des Etats-Unis, une première dans l’Histoire. Cette sanction a été décidée dans l’urgence d’une intrusion de ses supporters dans le Capitole. Elle fait suite au blocus décidé plus tôt dans la journée : il était impossible de répondre ou liker les messages de Donald Trump, ses supporters appelaient donc à citer ses Tweets.
S’il a très souvent servi à véhiculer des fake news (il y a un compteur de fake news prononcées par le président des Etats Unis sur le Washington post, ils en dénombrent 3000 durant sa présidence soit une vingtaine de mensonges par jour) ou à créer la polémique sans jamais être inquiété (car c’est un président et l’excuse d’une trace historique à conserver a notamment été évoquée), on perçoit nettement une forme de « responsabilisation » des réseaux sociaux ces dernières années.
Dans une note interne adressée aux employés de Facebook, le CEO de l’entreprise Mark Zuckerberg a déclaré qu’il était « attristé » par la violence de la manifestation et qualifié d’« urgence » la nécessité de réagir. Le compte Facebook de 35 millions d’abonnés de Trump a également été suspendu et restera inactif pendant au moins 24 heures. Le réseau social a déclaré que deux de ses messages avaient enfreint ses politiques de publication.
Dans un article de blog, Facebook a déclaré que les deux posts en question étaient relatifs aux manifestations du Capitole et aux résultats des élections. Le compte Instagram de Trump a également été suspendu. « Nous l’avons supprimé parce que, dans l’ensemble, nous pensons qu’il contribue à maintenir plutôt qu’à diminuer le risque de violence », a déclaré Guy Rosen, responsable de l’intégrité de Facebook.
Ces sanctions servent d’avertissement pour POTUS qui se voit menacé d’une fermeture de compte définitive, une tare pour l’homme politique qui a pris l’habitude de communiquer exclusivement sur ce réseau.
Par ailleurs, beaucoup d’internautes saluent la décision des réseaux sociaux de suspendre les comptes du président Trump :
« « Trump » est dangereux pour la paix. Il vient de le confirmer en incitant à la haine et les 5 morts du Capitole. Les réseaux ont bien fait de bloquer les comptes de ce malade. »
« Déjà la loi sur la liberté d’expression n’est pas la même dans chaque pays. Il a poussé ces personnes à envahir le Capitole sur Twitter. C’est de l’apologie au terrorisme. Il est prévu que les réseaux sociaux censurent dans ces cas-là. »
« Les réseaux sociaux ont mis un stop à ce cinéma trumpiste devenu dangereux. »
Une décision contestée, lourde de conséquence
Les conséquences de cette décision sont nombreuses. Tout d’abord il est de rigueur de se questionner sur la prise d’ampleur des GAFAM, capable désormais de censurer le président de le première puissance mondiale, aussi particulier soit-il. Un groupe privé qui joue un rôle aussi important dans le processus démocratique se doit d’être remis en question, que l’on juge la censure juste ou non.
» Cette censure réalisée en dehors de tout cadre juridique doit pousser à s’interroger sur les risques que font peser ces multinationales sur la liberté d’expression «
» Inquiétant et même effrayant ! «
D’une manière plus pratique, cette décision met le président dans l’incapacité de jeter de l’huile sur le feu, pour rappel c’est lui qui avait appelé les manifestants à entrer dans le bâtiment pour défendre « l’intégrité de l’élection » avant que les émeutes aient lieu, causant 4 décès.
Elle contribue néanmoins très certainement à la validation des théories du complot, très en vogue chez les adeptes de Trump qui se revendique lui-même de la mouvance Qanon. Ils perçoivent cette élection comme volée et leur haine des grands groupes (GAFAM notamment) ne sera que renforcée par cette décision.
« Trump n’est responsable de rien il n’a pas appelé à prendre le capitole ».
« Ecoutez donc le discours de Trump. Il n’avait rien du tout « d’incendiaire ». C’était un discours honnête et équilibré ».
Elle leur donne également la preuve de l’existence d’un « Etat profond » (deep state), puisque la parole de leur « sauveur » est censurée. En même temps, il est compliqué de reprocher à Twitter d’avoir fait ce qu’on lui reproche de ne pas faire d’habitude.
Pour certains ces décisions sont prises bien trop tard, 13 jours avant la fin du mandat. Les reproches se partagent entre les supporters de Donald Trump, unis par la haine qu’inspire l’oiseau bleu et qui privilégieront désormais des plateformes alternatives comme « Parler » et ses opposants qui pensent que les réseaux auraient dû agir plut tôt afin d’éviter les cinq décès et le saccage du bâtiment le plus représentatif de la démocratie américaine.
« Il y a eu de bons arguments pour que les entreprises privées ne réduisent pas au silence les élus, mais tous ces arguments reposent sur la protection de la gouvernance constitutionnelle », décrète ainsi Alex Stamos, ancien responsable de la sécurité chez Facebook. « Twitter et Facebook doivent lui couper la parole. Il ne reste plus d’actions légitimes et l’étiquetage ne suffira pas ».
Chris Sacca, propriétaire du fonds de capital-risque Lowercase Capital, ajoute ainsi : « Vous avez du sang sur les mains, @jack et Zuck. Depuis quatre ans, vous rationalisez cette terreur. L’incitation à la trahison violente n’est pas un exercice de liberté d’expression. Si vous travaillez dans ces entreprises, cela dépend également de vous. Faites-le taire ».
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